Tendance - Trois gars et leur Vespa via La Presse+




UN REPORTAGE DE JAMES BASSIL (Partagé à partir de La Presse+)
Style de vie à l'européenne. Lignes vintage. Maniabilité. Et faible coût d'utilisation. La Vespa a bien des atouts pour séduire les Montréalais, qui le lui rendent bien. Trois propriétaires font partager leur passion pour le petit bolide italien.






Ça roule pour Vespa à Montréal

Montréal est la capitale des Vespa au Canada. On vend plus de ces scooters de style vintage italien ici que dans n’importe quelle autre ville du pays. 

Les ventes de Vespa Montréal dépassent, depuis 2007, celles des 32 autres points de vente officiels du pays et, en Amérique du Nord, les ventes de Montréal, en volume, se comparent à celles de Los Angeles et San Francisco. Le Québec devance, et de loin, les autres provinces en ce qui concerne les ventes de scooters. Jusqu’au mois d’avril de cette année, près de la moitié des ventes de scooters au Canada ont été faites au Québec. Et comme les ventes ne cessent d’augmenter d’année en année (on parle d’une hausse de près de 13 % entre 2012 et 2013), la Belle Province devrait rester le chef de file des Vespa au Canada.
Ces chiffres sont convaincants, mais déconcertants. D’une part, les conducteurs montréalais ne peuvent l’ignorer : la métropole semble aussi être la capitale canadienne des nids-de-poule. Et même si nous sommes encore en plein été, les souvenirs des froids glaciaux de l’hiver sont toujours frais dans nos mémoires.

Les Montréalais ne vivent clairement pas dans les conditions optimales pour conduire une Vespa. Et pourtant, ils persistent à en acheter. Comment alors expliquer la hausse du nombre de scooters italiens dans les rues ? Et pourquoi les voit-on plus ici qu’ailleurs ? Nous avons posé la question à trois Montréalais propriétaires de Vespa pour le savoir.




Patrick, heureux propriétaire d’une Vespa depuis cinq ans, cite une raison entièrement pratique pour expliquer le succès des scooters à Montréal : le stationnement gratuit. Tout particulièrement les règlements de la Ville, qui rendent le stationnement gratuit ni légal ni illégal. « On peut se stationner un peu partout parce qu’on peut se stationner sur la rue entre deux voitures. Aucune loi ne l’interdit. Donc, la loi est mal faite, mais en même temps, elle est bien faite pour nous… Si ce n’est pas indiqué, ils ne peuvent pas te donner une amende. »

Ce raisonnement pragmatique trouve écho chez Paul Brunette, le représentant de Vespa Montréal qui a vendu à Patrick sa Vespa GTS. « C’est le moyen économique de se déplacer sur la route. C’est le moins dispendieux sur le plan de l’essence et du stationnement parce qu’on peut se stationner n’importe où. Et puis, c’est un coût mineur pour l’entretien. Une Vespa coûte 50 fois moins cher qu’un véhicule automobile. »

Une logique entièrement rationnelle des deux côtés de la vente. Mais quand on demande un peu plus à Patrick pourquoi les Montréalais sont si friands des Vespa, son explication penche plutôt du côté de ce qu’elles représentent, au-delà de l’argent qu’elles permettent d’économiser. « Le premier élément de Vespa, je pense, c’est le lifestyle… le côté européen. Quand on va là-bas, on en voit plein… Elles sont très populaires. La Vespa, c’est la mentalité des gens qui ont voyagé, qui ont vu un peu le monde. »

Rémi pour la fiabilité, TECHNICIEN DU SPECTACLE / Il conduit une Vespa LX

Rémi Marsan est l’illustration de la théorie de Patrick selon laquelle les propriétaires de Vespa les découvrent à l’étranger. Sa quête d’un moyen de transport alternatif a en effet été guidée par ses expériences de voyage. « J’avais fait beaucoup de scooter en voyage. J’en ai fait au Laos énormément, au Mexique, en Croatie… tout le temps en scooter chinois cheap. »

Mais pour son propre scooter, cependant, on a conseillé à Rémi de choisir un investissement. « J’ai un ami mécanicien qui m’a convaincu que ça valait le coup de payer le double du prix pour avoir une Vespa, et non pas d’acheter un scooter Yamaha. Il m’a dit qu’en achetant une Yamaha super cheap, j'allais me trouver tout le temps chez le garagiste, mais sur une Vespa, on peut faire 100 000 kilomètres sans problème. »

La qualité de fabrication des Vespa permet à leur constructeur, Piaggio, d’offrir une garantie de deux ans, sans limite de kilométrage, avec tous ses nouveaux scooters. Et selon Paul Brunette, représentant de Vespa, la qualité du produit augmente le plaisir de conduire un scooter. « Vespa est le seul scooter construit dans une coquille complète, alors l’équilibre du véhicule est parfait. Quand on arrive dans une courbe, on va juste pencher son corps et la Vespa va suivre immédiatement. »
Rémi Marsan aussi, quand il parle de son expérience de conduite, met l’accent sur la manipulation facile de la Vespa.

« Pour moi, commencer ma journée, embarquer sur mon scooter, et puis rouler pour rentrer chez moi, c’est vraiment comme un moment de détente. Je sais pas, on est dans l’air, et c’est vraiment chouette. Le fait d’avoir le vent qui frappe contre soi, c’est fort agréable. »



Alors que Patrick et Rémi ont ramené de leurs vacances leur amour de la Vespa, Diego Montefusco, un Italien né à Rome, a immigré à Montréal avec lui. « En Italie, c’est la grande mode de la Vespa. Tout le monde a des Vespa, de toutes les couleurs : blanc, orange… »

La Vespa a été pensée pour être un véhicule populaire – selon Piaggio, un « véhicule stylé pour le marché de masse » – et elle reste, dans son pays natal, un mode de transport utilitaire et primaire. Sachant cela, on repère facilement, selon Diego, les propriétaires de Vespa italiens aux chargements dont ils sont lestés. « Moi, quand je pars en Vespa, je mets mon gros sac en avant, après je mets d’autres sacs… Je suis plein en avant. Et tout le monde me regarde et me dit : "Diego, t’as beaucoup de choses sur ta Vespa !" Mais en Italie, c’est normal d’y mettre beaucoup de choses… La Vespa, ici à Montréal, tu l’utilises pour conduire une Vespa, that’s it. »

Alors, si les Montréalais ne sont pas attirés par les charmes pratiques des Vespa, par quoi le sont-ils ?
« Ici, c’est l’image d’être avec sa Vespa. On achète son petit jacket Vespa, des souliers Adidas qui font Vespa, tout le kit. La Vespa, c’est comme un accessoire. » Et c’est ce qui fait de Montréal la capitale de la Vespa, plus que Toronto ou Vancouver, dit Diego. « Montréal, c’est plus une ville où les gens pensent à se montrer. »

Mais même s’il n’est pas montréalais de naissance, Diego concède qu’il n’est pas immunisé contre l’esthétique des Vespa, qui lui est utile dans sa profession de designer de chaussures. « Quand mes clients me voient arriver avec leurs chaussures sur ma Vespa… C’est quelque chose de vraiment beau ! Le vrai Italien, c’est la Vespa. »


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